La solidarité entre producteurs et la juste rémunération ne sont pas de vains mots
Jeune trentenaire, Tanja Van Poecke - Van den Hoecke est propriétaire avec son époux Steven d’une exploitation familiale à Laarne, en Flandre-Orientale, à une petite vingtaine de kilomètres de Gand. Tous deux sont membres de la coopérative Faircoop, à l’origine du lait Fairebel, depuis 2015. Un choix qu’ils revendiquent au nom du juste prix pour l’agriculteur et la solidarité entre les coopérateurs-producteurs.
« Je ne suis pas à proprement parler originaire d’une famille d’agriculteurs, même si mes grands-parents, comme beaucoup de gens à l’époque, possédaient une petite ferme de quelques hectares de terres et quelques bêtes, précise d’entrée de jeu Tanja. J’ai rencontré Steven, qui était, lui, fils de fermiers, quand j’avais 16 ans. Voilà comment, quelques années plus tard, je suis devenue moi-même agricultrice. Ce choix, je ne l’ai jamais regretté », poursuit, dans un grand éclat de rire, cette maman de deux petits garçons de 7 et 4 ans déjà très intéressés par la ferme…
La passion comme moteur
Tanja reconnaît que ce qui la motive chaque jour est l’amour de ses bêtes. « C’est un plaisir de me retrouver chaque matin et chaque soir au milieu de mes vaches pour la traite et pour prendre soin d’elles. » Le couple trait quotidiennement entre 110 et 115 vaches de race Holstein. « L’une des Rolls Royce laitières ! », plaisante Tanja. « En comptant les veaux, notre troupeau compte environ 200 têtes », précise-t-elle. Outre leurs animaux, les Van den Hoecke cultivent également une septantaine d’hectares : des prairies, bien sûr, mais aussi des céréales et du maïs. « Nous avons fait le choix de nous concentrer sur ces spéculations-là pour pouvoir les utiliser comme nourriture pour notre bétail. Cela nous permet de réduire notre dépendance vis-à-vis des fournisseurs extérieurs. »
Malheureusement, comme elle le souligne elle-même, l’amour du métier n’est aujourd’hui, pour beaucoup d’agriculteurs, plus suffisant pour s’assurer un revenu décent. Ainsi, la crise qu’a connue (et que connaît encore) le secteur laitier depuis 2008 l’a poussée à prendre un emploi complémentaire à l’extérieur de la ferme dans le secteur de l’aide à l’enfance. « Ce n’était pas une décision facile, avoue Tanja. Mais elle était nécessaire. L’objectif reste néanmoins de revenir un jour à 100 % dans l’exploitation avec mon mari. »
Une agriculture traditionnelle et familiale
Si Tanja ne va pas jusqu’à utiliser le terme « abus » pour qualifier les relations entre d’un côté les producteurs laitiers et, de l’autre, l’industrie agroalimentaire, elle les juge néanmoins terriblement disproportionnées, en défaveur des agriculteurs. « Si on ajoute à cela les excédents de production à l’échelle européenne qui ont fait plonger les prix en dessous nos coûts de revient… continuer n’était plus possible, tempête-t-elle. Il fallait que quelque chose change. C’est là que nous avons entendu parler de Faircoop. »
Tanja et Steven sont devenus membres de Faircoop en 2015. « C’était un véritable choix de conviction, affirme l’agricultrice. Nous avons rencontré des représentants de la coopérative et nous avons été emballés par les valeurs qu’ils véhiculaient. Solidarité entre coopérateurs, juste rémunération pour le producteur et mise en avant d’une agriculture familiale, ce sont des points qui me touchent particulièrement. Et ce ne sont pas de vains mots chez Faircoop, c’est véritablement la colonne vertébrale et le cœur de leur travail. »
« Nous avons tout de suite été convaincus par leur projet de redonner du pouvoir aux producteurs et de les rémunérer à un prix correct, ajoute Tanja. C’est un moyen pour les agriculteurs-coopérateurs de prendre leur avenir en main. Nous avons donc décidé de nous engager pleinement dans la coopérative et d’y prendre des parts. »
Le producteur est son meilleur ambassadeur
Depuis, Tanja et Steven passent chaque année quelques jours à promouvoir les produits (laits, glaces, beurre, fromages) de la marque Fairebel distribués par la coopérative. « Chaque mois environ, nous allons dans des grands magasins ou sur des marchés pour, par exemple, des dégustations. Qui, en effet, pourrait être un meilleur ambassadeur de ses produits que l’agriculteur lui-même ? C’est plus facile pour moi que pour mon mari », sourit Tanja. « Je suis plus habituée que lui à ce genre de contacts directs avec le citoyen-consommateur. J’avais même envisagé à un moment d’ouvrir un magasin à la ferme. »
Tanja se dit très positivement surprise des réactions des gens qu’elle rencontre. « Je pense que la plupart des consommateurs veulent aujourd’hui une sorte de back to basics, quelque chose que nous pouvons leur donner via Fairebel. C’est aussi une possibilité pour nous de parler de notre démarche, d’expliquer que, grâce aux produits Fairebel, notre lait est vendu à un prix équitable et qu’une partie de ce que le consommateur paie, nous revient chaque année via les dividendes de la coopérative. »
La solidarité constitue donc pour Tanja Van Poecke un véritable fil rouge dans sa vie. « Chez moi, tout tourne autour de la solidarité. Cela va bien sûr de mon engagement au sein de Fairebel à mon emploi à l’extérieur dans une asbl sociale. Mais je voulais absolument mentionner un projet qui me tient particulièrement à cœur : nous accueillons plusieurs fois par an dans notre exploitation des groupes de personnes porteuses de handicap. C’est toujours un merveilleux moment de voir leur sourire au contact des animaux. »
Partager surFacebookWhatsAppLinkedIn